PARENTS TOXIQUES,
COMMENT ECHAPPER A LEUR EMPRISE
de, Editions Stock
Résumé du livre effectué par Arlette HAESSIG dans le cadre de la formation à
la relation d’aide à Paris en 2002.
Ce livre est écrit par une psychothérapeute célèbre aux Etats-Unis. Il
comporte deux parties :
1) Les parents toxiques
2) Se libérer de ses parents toxiques et retrouver le contrôle de sa vie
INTRODUCTION
« Bien sûr, mon père avait l’habitude de me frapper, mais il ne le faisait
que pour me remettre dans le droit chemin. Je ne vois pas le rapport avec
l’échec de ma vie conjugale » dit Georges, un éminent chirurgien. L’histoire
de Georges n’est pas exceptionnelle. Beaucoup de gens ont de la peine à voir
que leurs relations avec les parents ont un impact majeur sur leur vie.
Nos parents plantent en nous des graines mentales et émotionnelles qui se
développent en même temps que nous. Dans certaines familles ce sont des
graines d’amour de respect et d’indépendance. Mais, dans d’autres, ces
graines sont la peur, l’assujettissement ou la culpabilité.
Tous les parents ont des déficiences occasionnelles, ce ne sont que des
humains. La plupart des enfants s’en accommodent s’ils reçoivent leur content
d’amour et de compréhension.
Les parents toxiques, eux, infligent à longueur de temps, traumatismes, abus,
critiques à leurs enfants et la plupart du temps ils continuent à se
comporter ainsi même si les enfants sont devenus adultes. Les enfants de
parents toxiques se sentent consciemment ou inconsciemment coupables des abus
de leurs parents. Cela entraîne à
l’âge adulte manque de confiance en soi et mauvaise estime de soi. L’auteur propose un processus pour
réduire progressivement les pouvoirs négatifs de ce genre de parents et ainsi
libérer le « moi » enfoui, la personne unique et chaleureuse qu’elle était
destinée à devenir.
Première partie : LES PARENTS TOXIQUES
I. LES
PARENTS-DIEUX
Les parents toxiques sont comparables aux dieux du Panthéon grec. Ils
surveillent, jugent punissent, ils sont totalement irrationnels, fantaisistes
et imprévisibles.
Très jeunes enfants, nos parents sont pour nous comme des dieux sans lesquels
nous ne pourrions survivre, ils nous donnent amour, protection, abri et
nourriture. N’ayant rien ni personne à qui les comparer nous supposons qu’ils
sont des parents parfaits ainsi nous nous sentons en sécurité. A partir de
2/3 ans nous commençons à nous battre pour nous constituer une identité
propre pour affirmer notre volonté personnelle. Ce processus de séparation a
son point culminant pendant l’adolescence. Les familles normales essaient de
tolérer, d’encourager l’indépendance naissante.
Les parents toxiques considèrent la révolte où les différences
individuelles comme une attaque personnelle. Ils se défendent en renforçant l’incapacité et la dépendance
de l’enfant. Au lieu d’encourager un développement sain, ils le sapent,
souvent persuadés que c’est pour le bien de l’enfant. Il en résulte des vrais
ravages sur l’amour propre de l’enfant :
- il devient ainsi de plus en plus dépendant.
- Il a un besoin grandissant de croire que ses parents sont là pour lui
donner sécurité et le nécessaire
- Il accepte d’être responsable de la conduite de ses parents pour donner
un sens à leurs attaques physiques et émotionnelles.
L’enfant pense soit qu’il est mauvais
et que ses parents sont bons, soit qu’il est faible et ses parents sont forts.
Ces croyances restent ancrées :pour reprendre sa vie en main il faut affronter la vérité, ses parents
« divins » l’ont trahi au moment où il était le plus vulnérable.
Pour se protéger de cette terrible vérité l’enfant préfère établir des mécanismes de défense :
- la dénégation, en déguisant pour minimiser et même nier l’impact de
certaines réalités pénibles. Le déni peut aller jusqu’à oublier ce que les
parents ont fait.
- Le recours à la rationalisation, en utilisant de « bonnes raisons »
pour expliquer et éliminer les faits douloureux. Elles servent à rendre
acceptable l’inacceptable.
- Le déplacement des ressentiments, pour ne pas renoncer au mythe des parents
parfaits et déifiés, les enfants transfèrent leur colère sur une autre
personne.
La mort n’enlève rien au pouvoir des
parents au contraire, bien souvent la déification est amplifiée. Au lieu
de se libérer d’eux, les survivants restent prisonniers de leurs émotions.
Il est important de remettre sur terre
les parents toxiques pour pouvoir porter sur eux un regard réaliste et ainsi
rééquilibrer les relations.
II. LES
DIFFERENTS TYPES DE PARENTS TOXIQUES
1) les
parents déficients
Les parents ont des devoirs vis à vis de leurs enfants : pourvoir à leurs
besoins matériels, protéger les enfants de tout dommage physique et
émotionnel, répondre aux besoins de leurs enfants en matière d’amour et
d’attention, fournir à l’enfant des directives d’ordre moral.
Les parents déficients sont souvent dans l’incapacité à répondre aux
besoins de leurs enfants et dans
de nombreux cas ils comptent sur leurs enfants pour prendre soin de leurs
besoins à eux et ils l’exigent
même.
Dans ce cas les rôles familiaux deviennent flous, déformés ou inversés.
L’enfant n’a plus de modèle pour apprendre et progresser, il part à la dérive
dans un océan hostile de confusion.
L’enfant est privé de son enfance et cela peut prendre différentes formes :
- l’enfant doit se changer en adulte pour remplir les tâches d’un parent déficient (ex : ménage, s’occuper des frères et soeurs, de la mère
dépressive). Souvent il échoue dans ce
rôle d’enfant-parent, il en retire
des sentiments de culpabilité et de ne pas être à la hauteur. Adulte, il
entre dans un cercle vicieux : accepter des responsabilités pour tout,
échouer irrémédiablement, se sentir coupable et incapable et réagir
en redoublant d’efforts La personne est asservie, elle cherche sa valeur
personnelle dans le travail et ne met
pas de limites.
- L’enfant porte secours à un parent
déficient (obsédé, drogué, brutal ou excessivement dépendant) en devenant
responsable de ce parent. L’enfant
devient codépendant et par la même occasion une victime. Ce comportement
le suivra toute sa vie, il cherchera quelqu’un à sauver. La personne aura
beaucoup de difficultés à définir sa propre identité et à fixer des
limites.
L’absence physique d’un parent
(suite à un divorce par exemple) provoque un sentiment
particulièrement douloureux de vide et de manque chez l’enfant. Ce
dernier rationalise souvent en prenant sur lui la responsabilité de
l’événement. Il se déteste, il n’a pas de sens ni de but dans sa vie, le
sentiment d’invisibilité causera beaucoup de dommages dans sa vie.
Ces parents toxiques, déficients, suscitent souvent de la pitié et leurs enfants ressentent des sentiments
protecteurs à leur égard.
Pour ces personnes il est important de voir qu’on les a forcées à grandir
trop vite et qu’on leur a volé leur enfance.
2) Les
parents dominateurs
L’autorité est bonne si elle est adaptée au stade de l’enfant tant qu’il est
petit, il a besoin d’être gardé et protégé.
L’autorité devient abusive, si elle retient l’enfant et l’empêche de faire
ses propres expériences. L’enfant
devient alors craintif et anxieux, il aura toujours besoin du conseil des
parents qui l’envahissent, le manipulent et le
dominent. Il a un grand sentiment d’impuissance. La crainte de ne plus être nécessaire est
souvent le moteur de ces parents dominateurs et ils se justifient avec
«c’est pour ton bien ». Ces parents ont une profonde insatisfaction et une
peur d’être abandonnés. L’indépendance de l’enfant est une menace pour
eux.
L’autorité peut être manifeste, c’est alors un contrôle direct qui
s’accompagne souvent d’intimidation et d’humiliation. Les sentiments et
les besoins de l’enfant doivent se subordonner à ceux des parents, leur
opinion n’a aucune valeur, leurs besoins et désirs ne sont pas importants.
S’il accède à l’indépendance, les parents sont au désespoir.
Ces derniers utilisent alors des tactiques comme le retrait de l’affection
ou la prédiction de catastrophes pour faire revenir l’enfant. Celui ci se
sent alors coupable, en colère, frustré et avec le sentiment profond d’avoir trahi ses parents.
L’argent est également un moyen utilisé pour tenir les enfants dans un
état de dépendance.
Certains parents dominateurs contrôlent leurs enfants en les traitant comme
s’ils étaient faibles et incapables, alors que cela ne correspond pas à la
réalité. L’enfant puis l’adulte doit continuellement faire ses preuves et
il n’y a jamais approbation des parents.
Les parents manipulateurs.
Si la manipulation est un instrument de contrôle délibéré, elle devient
destructrice. Les parents cachent leurs motivations, l’enfant est dans
la confusion.
Les parents jouent au « bon samaritain » en provoquant des situations
ou l’enfant a besoin d’eux. L’enfant
n’est plus libre et le sentiment de compétence est étouffé. S’il essaie
d’exprimer sa frustration, il se sent
coupable devant la « bonté » du parent et ce dernier prend des attitudes de
«martyr».
Il y a souvent dépression chez
l’adulte qui avait de tels parents.
La rivalité fraternelle est également utilisée en comparant les enfants,
les uns aux autres. L’enfant est alors poussé à faire ce que les parents
désirent pour regagner leur faveur.
Il y a 2 façons de réagir, mais dans les deux cas on est contrôlé par les
parents:
- La capitulation.
- La révolte. En se révoltant l’enfant essaie de se libérer de la fusion
et du contrôle étouffant. C’est une révolte autodestructrice car en
réaction à un parent et non une manifestation active de libre choix.
La révolte et l’autodestruction peuvent subsister longtemps après la mort
des parents qui exercent une sorte de contrôle outre-tombe. Les croyances
et la culpabilité transmises par les parents morts continuent à diriger les
personnes restantes.
3) Les
parents alcooliques
L’alcoolisme est un secret de famille, on dénie la réalité, on ment, on
excuse, on dissimule. Cela entraîne le chaos émotionnel chez l’enfant, il
ressent beaucoup de honte. Le
secret devient un ciment qui unit pour maintenir la cohésion de la famille.
On joue à la « famille normale »,
l’enfant n’arrive plus alors à développer un sentiment de confiance en lui,
s’il doit constamment mentir sur ce qu’il pense en lui. Il se sent
coupable, il a peur de révéler le secret et pour ne pas trahir la
famille, il devient solitaire. Il développe
une loyauté perverse envers les personnes qui partagent son secret.
Les enfants de parent alcoolique deviennent extrêmement tolérants pour accepter l’inacceptable.
Il arrive souvent qu’ils se marient eux aussi à des alcooliques ou à des
personnes violentes. Pourquoi cette répétition du passé ? Ils ont l’espoir de
pouvoir sauver leur conjoint.
La recherche des mêmes schémas émotionnels familiers est une pulsion commune
à tout le monde, même si les sentiments qu’ils entretiennent sont douloureux
ou destructeurs. Ce qui est familier procure une impression de réconfort et
une structure pour notre vie. Nous connaissons les règles et nous savons à
quoi nous attendre. Plus important, nous
reconstituons les conflits du passé parce que cette fois, nous espérons leur
trouver une bonne solution : « je vais gagner la bataille, cette fois, je
vais y arriver. » Cette reconstitution de vieilles expériences douloureuse
est appelée « répétition
obsessionnelle ».
Dans ces familles d’alcooliques les enfants jouent un rôle qui leur est
attribué:
- L’enfant prend le rôle du parent,
car l’alcoolique « l’enfant terrible » de la famille ne laisse de place à
aucun autre enfant dans la famille. L’enfant est alors ignoré, il n’a pas
le soutien émotionnel dont il aurait besoin. Il se sent invisible,
responsable des sentiments des autres et ne veut causer de chagrin à
quiconque. Il se sent coupable car incapable d’arranger la vie des
parents.
- L’enfant copain :pour ne
pas être battu, il boit avec le parent alcoolique. La boisson devient un
lien, un secret. L’enfant ressent ça comme de la camaraderie, de l’amour,
de l’acceptation. Dans leur avenir, ils deviennent eux mêmes souvent
alcooliques en se conformant aux comportements de leurs parents, en les
imitant et en s’identifiant à eux.
- L’enfant méfiant, l’enfant
culpabilisé : les enfants de parents alcooliques ont peur de
l’intimité, ils ont appris que les gens qu’ils aiment sont imprévisibles
et qu’ils leur feront mal. Ils sont donc méfiants et persuadés que s’ils
laissent quiconque l’approcher de près, on leur fera du mal avant de les
laisser tomber. Les parents alcooliques sont totalement imprévisibles, bien
un jour, mal le lendemain. Les règles changent sans cesse, l’enfant n’est
jamais à la hauteur. Il est systématiquement critiqué, il devient un
bouc émissaire et même responsable de l’éthylisme. L’enfant se sent
coupable, il se livre à des comportements autodestructeurs (délinquance)
ou se punit soi-même en manifestant des symptômes émotionnels et physiques.
- L’enfant en or : certains
doivent être le héros de la famille. Il est poussé par les compliments. Il
s’épuise alors sans pitié pour lui même vers une perfection impossible à
atteindre. Son estime personnelle devient tributaire des félicitations,
des récompenses et de ses performances scolaires, au lieu d’être fondé sur
une confiance intérieure. Ils ont souvent le besoin de diriger tout et
tout le monde, parfois par la manipulation qui éloignent d’eux ceux
qu’ils aiment.
- L’enfant accusé : le conjoint
sobre de l’éthylique est souvent codépendant ou permissif. Il s’établit
dans les familles alcooliques un équilibre précaire. Tout essai soit par
l’alcoolique ou un autre membre de la famille de s’en sortir déséquilibre
l’ensemble. Il arrive que le codépendant n’ait pas envie que cela change,
car il retire souvent de cette situation des bénéfices comme admiration,
pouvoir sur la famille.
Il s’en suit que celui qui a envie de sortir de ce cercle vicieux est
accusé.
Les enfants de parents alcooliques espèrent
souvent que la vie de famille va changer. Il faut abandonner cette idée, leur bien être ne doit pas dépendre de
leurs parents. Eux les enfants peuvent changer, il est profitable pour
eux de se joindre à des organisations telles « Adultes-enfants d’alcooliques
» pour accélérer leur travail sur eux mêmes.
4)Les violences verbales, lorsque les
marques sont intériorisées
L’abus verbal consiste à lancer des attaques répétitives contre l’aspect
physique de l’enfant contre ses capacités intellectuelles, sa compétence ou
sa valeur en tant qu’être humain.
Ces abus peuvent être :
- directs : en accusant l’enfant d’être stupide, bon à rien ou laid.
- moins directs : railleries, sarcasmes, surnoms insultants, remarques
dévalorisantes souvent sous le masque de l’humour.
L’enfant n’est pas capable de faire la différence entre vérité et
plaisanterie, entre menace et taquinerie. Il croit ce que les parents
disent de lui et ça le marque surtout si ces actes abusifs sont fréquents
et cruels. Ces enfants puis adultes, traversent la vie, les nerfs à vifs,
s’attendant à être blessés et humiliés. Ils se protègent par la timidité, la
méfiance.
Leurs parents ne tiennent pas compte des sentiments de l’enfant ni des effets
à long terme de ces paroles sur l’image de soi qui est en train de se
développer chez l’enfant. Ils déclarent souvent que ces violences verbales
sont pour l’éducation de l’enfant donc pour son « bien ». En fait ces parents combattent ainsi leurs
propres sentiments d’incapacité, ils marquent avec ces attaques, leur
supériorité et réussissent ainsi à nier leurs propres sentiments d’incapacité.
Le parent rival entre en compétition avec son enfant souvent au moment
de l’adolescence car il se sent menacé. Une mère voit dans sa fille une
rivale qu’elle dénigre. Un père ressent une menace peser sur sa virilité et
son autorité alors il humilie et ridiculise son fils. Inconsciemment ces
parents veulent faire de sorte que leurs enfants ne puissent pas les
surpasser. Les enfants reçoivent beaucoup de messages inconscients. Ils
ne s’autorisent souvent plus la réussite, il arrive qu’ils sabotent celle ci
et qu’ils se mettent comme limites de ne pas surpasser les parents.
La trace indélébile des insultes : les insultes cruelles, les sermons,
les accusations et les noms avilissants infligent de grands dégâts à l’estime
de soi d’un enfant et y laissent de profondes cicatrices psychologiques. Ces
abus portent préjudice à la confiance en eux mêmes, en leur propre valeur.
Les parents perfectionnistes imposent à leurs enfants des buts, des
ambitions impossibles à atteindre, des règles toujours changeantes. Ils
attendent de leurs enfants de réagir avec un degré de maturité difficile à
atteindre car ils n’ont pas l’expérience nécessaire. Si l’enfant échoue, il
devient un bouc émissaire pour endosser les problèmes familiaux. Ils le tyrannisent avec des exigences de
perfection et se servent des violences verbales dévalorisantes pour se sentir
eux - mêmes forts et pleins d’autorité. Les enfants de tels parents
choisissent en général entre deux voies :
- ils s’épuisent sans relâche à gagner l’affection ou l’approbation des
parents.
- Ils se révoltent et choisissent l’échec pour avoir l’impression de ne
pas capituler devant les exigences des parents.
Les mots meurtriers tels que « je voudrais que tu sois mort »
infligent une souffrance et la confusion chez l’enfant. Il emmagasine ces
messages et il présente souvent des tendances suicidaires à l’âge adulte comme
pour réaliser cette «prophétie ». L’enfant croit ce que disent son père,
sa mère de lui. Il intériorise, c’est à dire intègre dans son inconscient. Il
pense alors vraiment qu’il est mauvais, bon à rien : il doute qu’il soit
capable, estimable, digne d’amour.
5) Les
sévices corporels
Définition des abus corporel : c’est tout comportement qui inflige une
grande douleur physique à un enfant qu’il laisse ou non des traces
apparentes. Si les sévices corporels dépassent une certaine limite c’est un
crime contre l’enfant.
Il y a actuellement prise de conscience publique face à ce problème, le
système juridique est amené à fixer des limites aux châtiments corporels ce
qui n’était pas le cas autrefois.
Ce type de parents abusifs présentent un grand manque de contrôle dans
leurs impulsions. Quand ils éprouvent de forts sentiments négatifs, ils
frappent leurs enfants pour se défouler. C’est une réaction
automatique, impulsion et action (coups)sont une seule chose sous l’effet du
stress. Ces parents violents viennent souvent de famille où ces abus
étaient courants et ils arrivent à l’âge adulte avec sur le plan
émotionnel des déficience et des carences. L’enfant est pour eux un substitut parental qui devrait combler leurs
besoins émotionnels. Ils deviennent enragés quand l’enfant n’arrive pas à
satisfaire leurs attentes et alors ils les frappent.
L’abus d’alcool, de drogue détruit aussi le contrôle des impulsions.
Un climat de terreur s’installe, les enfants ont peur même pendant les
moments calmes car ces abus sont imprévisibles. Ces expériences de violence
génèrent une forte crainte durable,
d’être blessé et trahi, cette crainte les poursuit toute leur vie. Ils ne
font plus confiance, s’attendent au pire de la part des autres, enferment
leurs émotions dans une armure et ne laissent personne devenir proche.
La justification
Certains enfants ne sauront jamais ce qui a déchaîné ces actes.
D’autres parents se justifient, essaient d’expliquer :
- en rejetant la faute sur une tierce personne. La véritable cause de la
violence ne disparaît pas, la colère donc la violence pourra à nouveau se
déclencher.
- En affirmant que « c’est pour le bien de l’enfant » pour son éducation afin
qu’il ne tourne pas mal, qu’il devienne plus endurant, plus brave et plus
fort.
- La Bible est souvent utilisée dans ce contexte pour justifier l’utilisation
de la violence.
Les recherches montrent que les coups n’ont qu’un effet dissuasif
temporaire, mais qu’ils créent chez l’enfant des forts sentiments de rage, de
rêves de vengeance et de haine de soi.
La violence passive
Un parent qui reste là en laissant ses enfants se faire brutaliser sans
intervenir est coupable d’abus passifs. Il n’intervient pas par peur, par
dépendance ou par besoin de maintenir le statu-quo de la famille. Ces parents
passifs deviennent eux mêmes des enfants effrayés, faibles, passifs face à
la violence du conjoint, alors ils abandonnent leur enfant en se protégeant.
Il arrive que leurs enfants battus les
excusent et les protègent parce qu’ils voient en eux également une victime.
L’apprentissage de la culpabilité
Les enfants acceptent d’être tenus pour coupables des crimes perpétrés à
leur égard. Ils croient les deux mensonges que les parents leur font croire :
« Tu es méchant, tu es battu à cause de cela ». Ces mensonges ne sont pas
remis en question par l’enfant même à l’âge adulte parce qu’ils viennent des
parents qui savent tout et disent vrai. L’enfant se prend à se dégoûter de
soi même.
Mauvais traitements et amour
Il y a parfois association de mauvais traitements et moments de tendresse.
Ces messages de natures différentes augmentent la confusion chez l’enfant.
L’enfant gardien du secret familial.
L’enfant ne veut pas trahir le secret
familial, il est effrayé, il a peur des conséquences. La relation
avec les parents devient une comédie, on essaie de donner à l’extérieur
l’image d’une famille normale.
La maltraitance : un carrefour émotionnel
Les enfants maltraités ont en eux un chaudron de rage qui bouillonne.
Quand ils sont adultes, cette colère refoulée peut s’exprimer de plusieurs
manières :comportements violents (jusqu’au crime), somatisation
(mal de tête), dépression.
Ils ne deviennent pas forcement des parents violents, au contraire ils
peuvent avoir beaucoup de difficultés pour appliquer une discipline à leurs
enfants.
6) Violences
et abus sexuels
L’inceste est sans doute l’expérience humaine la plus cruelle, la plus
perverse.
Définition de l’inceste :
- du point de vue légal c’est le rapport sexuel entre parents de même sang.
- Du point de vue psychologique, l’inceste inclut les contacts physiques avec
la bouche, les seins, les parties génitales, l’anus ou autre partie du corps
de l’enfant dans
le but de provoquer l’excitation sexuelle de l’agresseur. Celui ci
n’est pas obligatoirement un parent de sang, il peut être un parent par
alliance ou remariage.
Il y a d’autres types de comportements
incestueux ou il n’y a pas contact avec le corps de l’enfant comme :
l’exhibitionnisme, la masturbation en présence de l’enfant, faire poser
l’enfant pour des photos pornographiques, épier l’enfant quand il est nu,
faire des remarques corruptrices et sexuellement explicites à l’enfant.
Tous ces
comportements exigent le secret.
Ces actes incestueux avec ou sans contacts sont destructeurs sur le plan
émotionnel pour l’enfant.
Depuis quelques années il y a prise de conscience devant ces abus. Il reste
beaucoup d’idées reçues à évacuer, par exemple que l’inceste serait un
phénomène rare qui arriverait dans des familles pauvres et que les agresseurs
seraient des inadaptés sociaux.
Une « si gentille famille »
La plupart des familles incestueuses donnent une image tout à fait normale
au reste du monde, elles gardent cette apparence pendant de nombreuses
années, parfois pour toujours. Les parents peuvent même exercer des
responsabilités au plus haut niveau sur le plan associatif ou religieux, présenter
les plus hautes garanties morales.
Pourtant à l’intérieur de la famille il n’y a pas de relations franches,
aimantes et pas de communication. Chaque
membre de la famille souffre d’une grande solitude affective, il y a
dissimulation, insatisfaction, stress et manque de respect.
Le parent agresseur cherche à l’intérieur de la famille, dans la personne de
l’enfant la compensation pour le manque dont il souffre, c’est lui le
responsable.
L’enfant cède soit parce qu’il y a coercition (contrainte) psychologique
ou parce qu’il y a menaces de sévices corporels, d’humiliation ou
d’abandon.
Pourquoi les enfants ne dénoncent pas.
Les agresseurs utilisent souvent la menace pour faire taire la victime
: « je te tuerai...je te battrai... personne ne te croira... j’irai en
prison... ça rendra maman malade... »
D’autres agresseurs ont recours à la violence physique, la majorité
des enfants abusés sont maltraités sur le plan émotionnel et physique.
L’enfant garde le silence non parce qu’il a peur de la violence, mais il craint de
désunir la famille en causant des ennuis à l’un des parents, la loyauté est
très puissante.
L’enfant agressé perçoit l’interdit et la honte dans le comportement de
l’agresseur. Ils savent qu’ils sont violés, ils se sentent salis. Ils
intériorisent la faute et ils sont persuadés que c’est entièrement leur
faute. Cette pensée nourrit de forts sentiments de dégoût de soi et de honte.
L’enfant refuse de considérer que le
parent est mauvais.
Ils pensent que personne ne va croire leur
horrible secret, ils se sentent seuls à l’intérieur et à l’extérieur de
la famille. Cette solitude les ramène vers l’agresseur le seul à leur
accorder de l’attention.
Certaines filles victimes de leur père se sentent coupables d’avoir trahi
leur mère et cela augmente encore leur culpabilité.
La jalousie parentale.
L’inceste lie la victime à l’agresseur d’une façon intense et folle. En
particulier dans le cas père/ fille, le père devient souvent obsédé par sa
fille et fou de jalousie vis à vis des garçons avec qui elle sort. Il vit
cela comme une trahison, un rejet, une infidélité et un abandon. Il arrive de
la battre de la menacer verbalement pour lui mettre dans la tête qu’elle
n’appartient qu’à un homme, à papa. Ces messages sont aussi destructeurs
que l’inceste lui même car à l’âge adulte ils l’empêchent de vivre
normalement l’attachement à une autre personne. Ces victimes d’inceste prennent
souvent l’obsession pour de l’amour, elles ont de la peine à se convaincre
qu’elles sont victimes.
Recouvrir le volcan.
Beaucoup de victimes se fabriquent un écran psychologique qui repousse ces
souvenirs au delà du champ de la conscience. Ils peuvent resurgir brutalement
à cause de certains événements (naissance, mariage, mort) ou lors d’une
thérapie. L’inconscient protège ces victimes de ces souvenirs, et il les
laisse resurgir quand la personne est prête à les affronter.
Le partenaire silencieux.
Beaucoup de filles victimes éprouvent
plus de colère envers la mère qu’envers leur père, l’agresseur. Elles se
posent la question « que savait-elle ? ». Il y a :
- celles qui ne savent rien.
- Le partenaire silencieux qui choisit d’ignorer les indices de l’inceste en espérant se protéger et protéger la
famille.
- la mère qui apprend que les enfants sont violés et ne fait rien :
c’est la plus coupable.
Souvent ces partenaires silencieux ont été eux mêmes maltraités au cours de
leur enfance. Ils souffrent d’une faible estime de soi et l’inceste leur fait
revivre les affres de leur enfance.
L’héritage de l’inceste.
Les adultes violentés pendant leur
enfance ont hérité trois sentiments :
Celui d’être
Dégoûtant, Détruit, Différent ( les trois D). Les sentiments de
dégoût de soi entraînent parfois les personnes dans des relations
avilissantes avec exploitation et trahison ; Ils revivent ainsi le scénario
familial.
La plupart ont des difficultés dans les relations amoureuses, soit l’amour
physique les répugne ou alors ils sont hyperactifs sexuellement ce qui augmente
encore leur dégoût d’eux mêmes.
Certains retournent contre eux mêmes la douleur et la rage, ils souffrent
alors de dépression, de migraines ou prennent du poids.
D’autres cherchent la punition, ils se prostituent sabotent leur travail,
deviennent des délinquants.
Paradoxalement les victimes d’inceste
restent souvent attachées à leurs parents, elles ne veulent renoncer au mythe de la
famille heureuse, et rechercheront toujours l’amour et l’approbation des
parents.
III. LE
« SYSTEME » FAMILIAL
La famille est un « système de personnes liées par des rapports actifs ;
chaque membre a une influence profonde sur l’autre parfois inconsciemment.
C’est un réseau complexe d’amour de jalousie, de joie, de culpabilité et
autres émotions.
Le système familial représente toute la réalité de l’enfant et il prend les
décisions en fonction de ce qu’il a appris dans sa famille. Ce système est le
résultat d’accumulation de sentiments de règles et de croyances transmises de
génération en génération par nos ancêtres.
Les croyances familiales sont des attitudes, des perceptions et des
concepts profondément enracinés, à propos des gens, des relations et de la
morale. Elles déterminent le comportement des parents avec les enfants et
la conduite à attendre de la part des enfants. Si les parents sont toxiques ces croyances
sont presque toujours égocentriques, elles font du tort à
l’enfant. Par exemple « les enfants doivent du respect aux parents en toutes
circonstances ».
Les parents toxiques s’opposent à toute réalité extérieure remettant en
question leurs opinions. L’enfant manque de subtilité pour distinguer la
vraie réalité de la réalité déformée. Ces croyances peuvent être sous forme
de conseils : « tu devrais », « il faudrait » ou alors elles sont
inexprimées, mais perceptible d’après le comportement et transmises
inconsciemment.
Les règles sont les manifestations des croyances. Elles entraînent
une contrainte.
Quand les règles sont exprimées clairement « Fais et ne fais pas », elles ont
l’avantage de pouvoir être remises en question. Ce qui n’est pas le cas pour les règles inexprimées « ne m’abandonne
pas », « n’arrête pas d’avoir besoin de moi »,il est plus difficile de les
identifier.
Les enfants suivent ces règles
familiales par loyauté pour ne pas trahir la famille. Ce besoin
inconscient d’obéir éclipse leurs
besoins et désirs conscients. Pour être capable d’exercer le libre
arbitre, il faut faire la lumière dans l’inconscient, démasquer et rejeter
ces règles destructrices.
Les limites.
Les familles malsaines découragent l’expression individuelle. Il y a
fusion, on gomme les limites personnelles, on soude ensemble les membres
de la famille. Les sentiments, les comportements, les décisions n’appartiennent
plus à la personne, elle est un
appendice de la famille. Dans ces familles l’identité et l’illusion
d’être en sécurité dépendent en grande partie de cette sensation de fusion.
Elle crée une dépendance presque totale d’une approbation extérieure. On a très peur d’être rejeté.
L’équilibre familial.
Chaque famille crée son propre équilibre pour atteindre une certaine
stabilité. Dans une famille toxique garder l’équilibre est un véritable
exploit, le chaos étant leur façon de vivre. Souvent il arrive qu’ils
augmentent le chaos pour ramener la famille à son équilibre connu,
sécurisant, mais malsain. Ils essayent de maintenir cet équilibre par :
- la dénégation, elle minimise,
réduit, ridiculise ou débaptise le comportement destructeur (quelqu’un
qui bat son enfant est un éducateur strict )
- la projection. Pour éviter la
responsabilité de leur propre comportement, les parents ont besoin d’un
bouc émissaire, ils choisissent l’enfant.
- Le sabotage de l’effort du parent perturbé pour s’en sortir afin de le ramener
dans l’équilibre malsain.
- Le secret, c’est un lien qui
rassemble la famille surtout quand l’équilibre est menacé.
Deuxième partie : SE LIBERER DE SES PARENTS
TOXIQUES ET RETROUVER LE CONTROLE DE SA VIE
L’auteur propose une stratégie en plusieurs étapes pour reprendre sa
vie en main, celle ci a aidé innombrables de ses patients. Certains peuvent
faire ce travail seuls, d’autres ont besoin de l’aide d’un professionnel.
1) Le
« pardon » en question
Le pardon n’est pas la première étape
vers la guérison. En fait il n’est pas nécessaire de pardonner à ses
parents pour se sentir mieux dans sa peau et changer de vie. D’ailleurs,
beaucoup de patients qui avaient pardonnés à leurs parents toxiques
n’allaient pas mieux.
Il y a deux aspects dans le pardon :
- le fait de renoncer à son besoin de
vengeance
- le fait d’absoudre de toute
responsabilité le coupable
La vengeance est une motivation
normale, mais négative car elle s’attaque à notre bien être émotionnel et
mobilise beaucoup d’énergie. Laisser tomber la vengeance est difficile, mais
une étape saine.
Absoudre
quelqu’un inconditionnellement des actes dont il s’est rendu coupable est
injuste. Cet aspect du pardon empêche beaucoup de gens à s’en
sortir car il diminue la capacité à laisser aller les émotions refoulées
comme la colère, la tristesse. Les
personnes ont besoin de se mettre en colère à propos de ce qui leur est
arrivé. Elles ont besoin de pleurer sur le fait qu’elles n’ont jamais reçu
l’amour qu’elles cherchaient auprès de leurs parents.
L’auteur pense que le pardon n’est justifié que quand les parents font
quelque chose pour le mériter. Les parents toxiques doivent
reconnaître ce qui est arrivé, en prendre la responsabilité et montrer leur
désir et leur volonté de changer. Pardonner unilatéralement à des parents
qui ne reconnaissent pas leurs torts risque de compromettre gravement le
travail émotionnel qui doit être accompli. La paix de l’esprit et des
émotions arrive quand on se soustrait au contrôle de ses parents toxiques,
sans nécessairement avoir à leur pardonner.
2) Devenir adulte : la fusion parents
toxiques- enfants victimes
Les enfants de parents toxiques ont un tel besoin d’approbation que cela
les empêche de vivre comme ils le veulent, la fusion dépasse les justes limites. Il y a deux sortes de fusion :
- la première consiste à céder continuellement aux parents pour les calmer
- la seconde consiste à faire juste le contraire. C’est aussi une emprise
car les parents gardent un énorme contrôle sur le bien être émotionnel et le
comportement de leur enfant.
Les convictions familiales fusionnelles.
Avant d’entreprendre un cheminement vers un changement de vie, il est
essentiel de prendre conscience des connexions qui peuvent exister entre des
croyances erronées, des sentiments négatifs et des comportements
autodestructeurs.
Il faut identifier ces convictions qui influencent les sentiments et les
comportements par exemple : « c’est à moi de rendre mes parents heureux
ou fiers ... je suis tout pour mes parents » «quoi qu’ils aient pu me faire,
je dois toujours les honorer ». Ces opinions sont autodestructrices elles
empêchent une personne d’être quelqu’un de distinct d’indépendant. Elles aggravent
la dépendance et dépossèdent la personne de sa maturité d’adulte. Ces
croyances rendent la personne totalement responsable de l’humeur et du
bien-être de ses parents. Elle fonde la majorité des décisions de sa vie
sur l’effet qu’elles auront sur ses parents, elle renonce à son libre
arbitre car ils se sentent responsables de leurs sentiments.
Fausses convictions et sentiments douloureux
Les convictions autodestructrices mènent toujours à des sentiments
douloureux. En analysant ces sentiments on commence à comprendre à la fois
les croyances qui les font naître et les comportements qui en ont résulté.
Nous éprouvons tous de fortes réactions émotionnelles à l’égard de nos
parents. Certaines personnes connaissent ces sentiments. D’autres se
protègent de l’intensité de leurs émotions en les enfouissant en eux, il
faut parfois l’aide d’un professionnel pour les récupérer. Ces sentiments qui causent des problèmes
concernent la culpabilité, la peur, la tristesse et la colère. En
essayant de trouver le lien entre les croyances familiales et les sentiments
on constate que beaucoup de sentiments ont leurs racines dans ces
convictions. Par exemple : « je me sens coupable quand j’ai fait quelque
chose qui les contrarie parce que je ne dois ni dire, ni faire quoi que ce
soit susceptible de faire de la peine à mes parents ».
Comportements de réaction
Les croyances donnent les règles, ce que vous ressentez vous fait obéir à ces
règles, et c’est ce qui entraîne vos manières d’agir et de réagir. Si l’on
veut changer de comportement il faut faire le travail de changer les
convictions ainsi que les sentiments afin de pouvoir changer de règle de
conduite. Il y a deux types de comportements :
- les comportements de soumission
: je cède à mes parents quels que soient mes sentiments, il m’arrive
souvent de ne pas leur dire ce que je pense, ce que je ressens, j’essaie de
toutes mes forces de les changer, je continue à être le dépositaire des
secrets de la famille.
- Les comportements agressifs : je
me dispute continuellement avec mes parents pour leur prouver que j’ai
raison, souvent je crie, je hurle, j’injurie mes parents pour leur prouver
qu’ils ne peuvent pas me contrôler.
Avant de pouvoir retrouver son véritable moi, il faut commencer à remettre en
question les croyances réductrices et les comportements autodestructeurs,
pour ensuite les rejeter et laisser émerger ses propres désirs.
3) Les
débuts de l’autonomie
L’indépendance émotionnelle n’implique pas qu’on se sépare de ses parents.
C’est quand on se sent libre d’avoir ses propres convictions, sentiments
et comportements, séparés de ceux de ses parents (ou des autres ), qu’on
est un être qui se définit lui-même, donc « autonome ». L’autonomie doit
avoir une certaine souplesse, nous devons trouver un équilibre entre notre intérêt et le respect des sentiments
d’autrui. L’essentiel est d’être
vrai avec soi-même, de faire ses propres choix et de se sentir libre
d’être d’accord ou non avec ses parents.
Du bon usage de l’égoïsme.
Certaines personnes ne savent pas se défendre parce qu’elles confondent
autonomie et égoïsme. Elles croient que c’est leur devoir d’ignorer
leurs propres besoins en faveur de ceux de leurs parents. Ces personnes
réagissent alors de façon automatique par une attitude conciliante et
consentante. Ce comportement donne un pouvoir considérable aux parents. Pour
détruire ce schéma de comportement elles doivent commencer à réfléchir sur
ce qu’elles veulent, elles, face aux exigences des parents.
Répondre et non réagir
Pour reprendre en partie le contrôle de sa vie il faut apprendre à ne plus réagir automatiquement. Il est important d’apprendre
à répondre par des réponses non défensives qui évitent l’escalade dans le
conflit.
Le comportement non défensif
C’est une technique qu’il faut apprendre et pratiquer, si l’on reste calme en refusant d’être mis en déroute, alors on garde
tout son pouvoir. Il faut s’entraîner à donner des réponses non
défensives qui aident à briser le cycle : attaque, retraite, défense et
escalade. (Exemple : « je suis désolé, mais je ne suis pas d’accord », «
reparlons de cela quand vous ne serez pas aussi contrarié » « vous avez le
droit d’être de cet avis » etc. )
Quand on essaie de discuter, de
s’excuser, de les faire changer d’avis on abandonne beaucoup de son pouvoir. Si l’on utilise des réponses non défensives, on ne demande
rien, donc on ne peut pas être repoussé.
Les déclarations
de principe peuvent aussi aider à moins réagir, elles définissent ce
qu’on pense et croit, ce qu’on veut faire et non, ce qui est négociable ou
pas. Avant d’émettre une déclaration de principe, il faut se
préparer et déterminer sa position.
Toute décision fondée sur le choix, nous éloigne de l’impulsivité.
Le face à face
Il est important de mettre en pratique les réponses non défensives dés que
l’on a saisi le principe. On peut commencer par des déclarations de principe
sur des sujets anodins.
Lorsqu’on se détermine mieux soi-même, sur un mode plus réfléchi qu’impulsif,
lorsqu’on fera des déclarations claires à propos de ce qu’on pense et
croit et qu’on fixera des limites de ce que l’on est prêt à faire ou non,
la relation avec les parents ne pourra que changer.
4) Les
parts de responsabilité
Il est nécessaire d’effectuer un
changement majeur d’opinion à propos du responsable des malheurs de son
enfance, sinon on supporte soi-même la responsabilité. A partir de ce
chapitre l’auteur propose un travail à un niveau beaucoup plus émotionnel. Il
est parfois utile d’avoir de l’aide à ce stade ( groupe de soutien,
thérapeute, ami...)
La responsabilité des parents.
Il est important de rejeter la responsabilité des événements douloureux de
son enfance et la remettre à sa véritable place. L’auteur
conseille de se trouver un moment où on est seul avec soi-même et de parler à
haute voix à l’enfant qui est en soi. On peut aussi utiliser une photographie
pour se remémorer combien on était petit et sans défense. En premier lieu, on
rejette la responsabilité de ce qu’on se reproche : « Tu n’étais pas
responsable ...de leur manque d’attention, des injures qu’ils t’adressaient,
du fait qu’ils n’étaient pas heureux, de leurs problèmes, de ce qu’ils faisaient
en état d’ivresse, etc...».
Deuxièmement, toujours à haute voix, il faut remettre la responsabilité à sa
vraie place : « Mes parents étaient responsables de... ». De nouveau on
ajoute les déficiences des parents qui
s’appliquent à son expérience.
Il faut du temps pour que les
sentiments rattrapent cette nouvelle conscience des responsabilités et souvent
on cherche des excuses pour ses parents surtout s’ils étaient pas à la
hauteur, malades ou pleins de bonnes intentions. L’important n’est pas de
savoir quelle a été leur part de responsabilité, mais de se rendre compte
qu’on n’était soi-même pas responsable. Les parents eux sont responsables autant de ce qu’ils ont
fait que de ce qu’ils n’ont pas fait.
Les adultes qui ont été gravement maltraités pendant leur enfance ont
beaucoup de difficultés à remettre les responsabilités à leur place car ils essayent
de préserver le mythe de la bonne famille en croyant que c’est eux et non
leurs parents qui se conduisaient mal. Ils ont souvent besoin d’aide et de
jeux de rôle avec un thérapeute pour admettre la responsabilité des parents.
Quand on commence à remettre la responsabilité à leur place, on ressent une colère intense à l’égard
des choses qu’on a subies et des gens qui les ont faites.
La peur de sa propre colère.
On peut être terrifié par toute la colère qui est en soi, elle est
chargée d’émotions dérangeantes. Pour se libérer de l’emprise des parents il
est important de passer par cette colère tout en la canalisant pour qu’elle
ne soit pas destructrice. Elle permettra de mieux se connaître et définir ses
limites. Comment la canaliser :
- En se donnant le droit d’être en colère, elle signifie que quelque chose
doit changer
- En extériorisant la colère, frapper un oreiller, hurler, en parler à
quelqu’un
- En évacuant la colère par le biais d’activités physiques
- En refusant de l’utiliser pour alimenter une mauvaise image de soi
- En l’utilisant comme une voie pour
mieux déterminer ce qu’on est prêt à accepter et ce qu’on veut refuser, c’est
à dire pour fixer ses limites et ses frontières.
La souffrance et le deuil.
Le deuil est une réaction normale et nécessaire après une perte. Dans le
cas des enfants de parents toxiques il y a perte des sentiments de sécurité,
de confiance, de joie, de bons sentiments à l’égard de soi-même, etc. Il
est important d’identifier ces pertes et faire resurgir le chagrin refoulé
pour travailler sur ces sentiments et ainsi échapper à leur emprise. La
colère et le chagrin sont étroitement liés.
Contourner son chagrin peut atténuer le sentiment de tristesse temporaire,
mais il sera toujours en soi, et il atténue le sentiment de bien-être. Là
aussi, il faut parfois l’aide d’un thérapeute, des jeux de rôle pour
déverrouiller la porte des sentiments et pour arriver à pleurer ses pertes.
Pour être délivré de sa culpabilité d’enfant en soi, il faut ressentir et
exprimer sa colère et son chagrin, c’est un temps difficile plus ou moins
long, mais nécessaire pour un changement. Il est souhaitable de prendre
particulièrement soin de soi pendant ce temps, d’accepter de l’aide.
Ses propres responsabilités d’adulte.
Tout en remettant les responsabilités à leur place, l’adulte est responsable
de devenir un individu distinct de ses parents, il doit affronter la vérité
en ce qui concerne son enfance, trouver le courage de reconnaître le lien
entre les événements de son enfance et de sa vie d’adulte, changer de
comportements s’il est blessant et agressif.
Il ne faut pas se décourager, c’est un processus, certaines étapes sont plus
faciles que d’autres.
5) La
confrontation : un chemin vers l’indépendance
Le travail sur soi des chapitres précédents a préparé la personne à la
confrontation. Ce face à face avec les parents peut paraître effrayant. Le but de la confrontation n’est pas
de se venger, ou de déverser la colère pour obtenir quelque chose de positif de
leur part, mais elle sert à vaincre une fois pour toute la peur de les
affronter, pour leur dire la vérité et pour déterminer le type de relations que vous pouvez avoir avec eux
désormais. Il ne faut pas considérer la réponse des parents comme
indicateur si la confrontation a été un succès, mais c’est un succès pour la
seule raison qu’on ait eu le courage de l’entreprendre.
Pourquoi la confrontation ?
Elle a opéré des changements positifs dans la vie de beaucoup de personnes.
Le fait d’y aller et d’affronte r certaines de ses peurs les plus profondes
sert à modifier l’équilibre entre les parents et les enfants. Si on
évite d’entreprendre cette démarche on renforce ses sentiments de faiblesse
et d’incapacité, on sape son respect de soi même. De plus, si on n’arrive pas au bout de sa peur, de
sa culpabilité et de sa colère envers ses parents on la transmet à son
partenaire et à ses enfants.
Quand ?
Il faut être prêt pour la confrontation et bien choisir son moment. Il ne
faut pas non plus la repousser indéfiniment. Les patients passent en général
par trois stades : ils pensent qu’ils ne pourront jamais faire cela, puis ils
le feront peut être un jour, mais pas maintenant ; enfin, ils demandent quand
ils peuvent le faire. Il est utile de bénéficier de soutien soit d’un groupe
ou d’un thérapeute pendant ce temps. Il faut aussi se préparer et s’exercer à apprendre les réponses non défensives et
les déclarations de principe. Il faut se sentir assez fort pour supporter que les
parents soient repoussants, qu’ils nient, se mettent en colère, et il ne faut
plus se sentir responsable des souffrances vécues pendant sa jeunesse.
Comment faire ?
La confrontation peut être faite en face à face ou par lettre ( un bon moyen)
La lettre doit contenir quatre points qui expriment la vérité sur vos
sentiments et expériences :
- voici ce que tu m’as fait
- voici ce que j’ai éprouvé à cette époque
- voici quel effet cela a produit sur ma vie
- voici ce que j’attends de toi à présent.
Pour le face à face, il faut bien
choisir le lieu de rencontre, soit chez le thérapeute qui orchestrera alors
la rencontre ou alors chez soi pour éviter d’être parasité par les
sentiments de son enfance. Il est préférable de les aborder ensemble,
mais on peut le faire individuellement. Si la peur de la confrontation est
trop grande, on peut écrire une lettre et la lire. L’important est de
bien se préparer de répéter ce qu’on veut leur dire et savoir ou on veut en
venir avec eux et de fixer des règles pour se faire entendre.
Il y a des confrontations calmes et d’autres explosives. Certains parents
toxiques contre- attaqueront car ces paroles seront pour eux des agressions
personnelles et perfides. L’important n’est pas leur réaction mais celle de
l’enfant. S’il est capable de rester ferme face à leur fureur, il vivra un
grand moment porteur de changements positifs pour lui.
Et ensuite
?
Rien ne sera plus jamais comme avant. La façon dont s’est déroulée la
confrontation ne permet pas de préjuger de la suite. Tous les participants
ont besoin de temps pour assimiler l’expérience et en tirer leurs propres
conclusion. La personne se sentira progressivement gagnée par une agréable
sensation de bien-être et de confiance en soi. Elle devra tenir bon en ce qui concerne sa vision des choses et ne pas
retomber dans les anciens schémas réactionnels défensifs, quelle que soit la conduite des parents.
La relation entre les parents peut aussi devenir chancelante, surtout si un
secret de famille a été dévoilé tel que l’inceste.
L’impact sur la fratrie et sur l’entourage.
Tout le système familial est affecté
par cette démarche. Certains frères et soeurs vont confirmer, d’autres
réduire à peu de chose les abus, d’autres peuvent n’avoir aucune idée des
méfaits. Certains ressentiront cette confrontation comme une menace, ils
peuvent en vouloir à celui qui a perturbé l’équilibre précaire de la
famille et ils essaieront de faire pression. Il est essentiel de tenir bon quant à son droit de dire la vérité. Avec
d’autres ce sera peut être l’occasion d’enrichir la relation et de se
soutenir.
C’est un temps difficile qui a été provoqué par la confrontation, la personne
aura besoin de soutien, elle ne doit pas hésiter à la demander de la part de
son partenaire ou ses enfants.
Les parents toxiques tenteront peut être de se faire des alliés au niveau
de la famille, des amis, du pasteur et les rapports avec ces personnes
seront aussi affectées. Il faut être
préparé émotionnellement et psychologiquement à toute sortes de réactions :
être sermonné, être évité, exclu de la famille et où même déshérité.
De nouveaux modes de relations.
Il faudra peut être négocier avec les parents pour avoir de meilleures
relations, ou même faire marche arrière vers une relation plus superficielle.
Si la confrontation a été négative elle peut même aboutir à devoir rompre
toute relation avec eux. L’important
est de détruire les anciens schémas rituels avec ses parents, cela
permettra pour soi même des relations plus vraies et ouvertes avec soi- même
et les autres.
La confrontation avec des parents âgés ou
malades.
L’âge et la maladie ne rendent pas les parents toxiques plus aptes à accepter
la vérité. On peut demander l’avis du médecin traitant quant aux risques d’un
stress émotionnel. S’il n’y a pas de risque, rien ne s’oppose à la
confrontation. Si ce n’est pas possible on peut écrire une lettre et la lire
devant une de leurs photographies, ou le dire à un membre de sa famille ou
encore effectuer la confrontation en jeu de rôle avec le thérapeute.
la confrontation avec un parent décédé.
Lire une lettre de confrontation devant la tombe se révèle très efficace. On
peut également en parler à un membre de la famille de la même génération que
les parents.
Quoi qu’il puisse y arriver pendant ou après la confrontation, c’est la
personne qui l’a entreprise qui en ressort gagnante car elle a eu le courage
de l’entreprendre.
6) Guérir
de la blessure de l’inceste
Il y a de l’espoir de guérison pour les victimes d’inceste. La
psychothérapie est nécessaire, car il y a beaucoup de croyances, de
comportements et de sentiments négatifs ancrés en eux.
La meilleure façon de travailler à surmonter l’expérience incestueuse est
de se joindre à un groupe constitué de victimes et dirigé par un
thérapeute expérimenté dans ce domaine. Les techniques basées sur
l’action, comme les jeux de rôles sont indiquées. Ces techniques coupent
court aux manoeuvres aux rationalisations et à la négation de la réalité.
Elles offrent une atmosphère de sécurité où on peut exprimer ses sentiments
et tester ses nouveaux comportements. Ces groupes sont ouverts, les
personnes sont à différents stades de leur cheminement. Il sont
constitués d’hommes et de femmes, car les traumatismes sont semblables. Le
sentiment d’isolement total ressenti par les victimes diminue ainsi, les
membres du groupe se soutiennent mutuellement. Lors de l’initiation au groupe
d’un nouveau venu, chaque participant raconte en détail son expérience.
C’est très difficile pour le nouveau, il y a beaucoup de gène, de larmes,
mais à force de raconter son traumatisme, il y a un processus de
désensibilisation qui se met en route.
La thérapie individuelle est une solution pour les victimes trop fragiles
émotionnellement.
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