par Jacques Salomé Méthode E.S.P.E.R.E. Amour - Sexualité On me dit qu'il y a des amours impossibles…
Thèmes d’application de la Méthode E.S
Amour - Sexualité
On me dit qu'il y a des amours impossibles…
par
Jacques Salomé
Il
n'y a pas d'amours impossibles, du moins je n'en connais point. Il n'y a que
des amours contrariés
et
violentés par des tiers ou des règlements ou encore interdits par des tabous.
Et ils sont plus nombreux
qu'on
ne peut l'imaginer. Des amours entravés par des peurs, dévoyés par des leurres,
ballottés par des
vents
contraires, freinés par des obstacles réels ou fantasmés, barrés par des
écueils que l'on imagine pour
soi,
pour l'autre… oui il y en a beaucoup.
Il
n'y a pas d'amours impossibles, car c'est justement l'une des grandes forces de
l'amour, d'être
porteur
d'une telle énergie, qu'il est capable de traverser beaucoup de difficultés, de
s'opposer à des
dangers
sans noms, de vaincre toutes les oppositions ou de dépasser toutes les
entraves. C'est vrai qu'il y a
des
amours fragilisées par le doute, blessées par des contradictions, dévoyées par
des croyances ou encore
assassinées
par des certitudes erronées. C'est vrai qu'il y aussi des amours qui dérangent,
qui inquiètent un
entourage,
menacent des proches (qui vont se jeter dessus pour les disqualifier, les
déchiqueter) ou encore
des
amours qui vont réveiller d'anciennes blessures mal cicatrisées et faire
reculer, empêcher la rencontre
avec
un bonheur possible.
Il y
a des obstacles, non au sentiment amoureux, mais à sa réalisation, à son
épanouissement, et
certains
sont plus infranchissables que d'autres. Ceux en particulier qui relèvent d'une
croyance religieuse,
d'un
parti pris politique, culturel, ou encore de décisions prises à un niveau
abstrait, aveugle ou collectif, et
donc
inaccessible, sur lesquelles l'individu n'a pas de prise.
Pour
une femme aimer un soldat allemand en pleine Occupation est possible. Ce qui
sera difficile, c'est
d'aimer
dans la sérénité, dans l'abandon et cette relation comportera des risques
importants, en particulier
pour
la femme. Beaucoup de femmes (pourquoi seulement des femmes ?) ont payé cher le
fait d'avoir
transgressé
cette impossibilité. Etre professeur de français dans le midi de la France
rencontré
lors d'un seul voyage au Hoggar, se voir ensuite trois semaines par an durant
15 ans, et depuis
10
ans attendre que l'Algérie cesse de se déchirer pour pouvoir revoir à nouveau
son amour, est difficile,
mais
cela reste encore possible… Aimer une femme musulmane et vouloir construire sa
vie avec elle, quand
le
père fait obstacle et demande à l'homme de se convertir, d'entrer dans ses
croyances, aimer une juive
quand
on est palestinien, une chinoise quand on vit au Yémen… n'est pas facile, mais
nombreux sont ceux
qui
se sont confrontés à ces difficultés et les ont traversées.
L'âge,
c'est-à-dire le décalage des âges entre l'un et l'autre, est parfois avancé,
pour hésiter, pour se
donner
un alibi à ne pas oser vivre un amour, mais pour ceux qui découvrent la
réciprocité d'un sentiment,
l'âge
n'est pas un obstacle insurmontable.
Le
seul amour impossible, qui ne peut se vivre, est l'amour incestueux, avec
l'interdit irréductible
d'avoir
une relation sexuelle. Tel cet homme déchiré, qui me disait avoir retrouvé sa
soeur, qu'il n'avait
jamais
connu, avant trente ans et dont il était devenue profondément amoureux, sans
pouvoir se défaire de
ce
sentiment.
Il
n'y a donc pas d'amours impossibles, mais seulement des relations amoureuses
qui paraissent
impossibles
Mais face à cela, nous connaissons tous des histoires d'amour qui avaient
contre elles toutes
les
forces contraires de l'univers, qui auraient dû être impossibles et qui
cependant ont pu se vivre et même
durer
au delà de tous les interdits, de tous les empêchements. L'amour, outre qu'il
est porteur d'une énergie
rare,
recèle quelques-uns des mystères de la vie qui lui donne une puissance inouïe
dont la force nous
émerveille
sans nous surprendre quand nous en sommes les bénéficiaires.
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Toutes les femmes sont des femmes fontaines,
mais toutes ne le savent pas !
par
Jacques Salomé.
Une
lectrice attentive m’a écrit tout dernièrement et je ne peux m’empêcher d’offrir
sa lettre
à la
communauté des femmes et des hommes (qui lisent aussi je l’imagine Chatelaine)
« J’ai
lu votre article sur les femmes fontaines dans un numéro de Psychologies de
mars
2003,
intéressant à bien des égards et qui a ce grand mérite de s’attacher à un sujet
dont l’aspect
tabou
cède de plus en plus de terrain.
Depuis
l’Antiquité, circulent beaucoup d’interrogations. Des hommes se sont penchés
sur
la
question. Des messieurs, certes très respectables, médecins, urologues,
sexologues,
psychanalystes
et scientifiques discourent sur le sujet. Des savants, sans aucun doute, mais
peut-être
pas de véritables connaisseurs, aucun amateurs suffisamment aimables comme nous
le
souhaiterions
!
Alors
même si le tabou de « l’éjaculation féminine » commence à sauter, le terme n’est
pas
tombé
en désuétude, paraît-il, même s’il est trop connoté « masculin », la vérité n’est
pas
encore
sortie du trou, si j’ose dire.
Je n’ai
aucun titre particulier pour apporter la bonne parole, ajoute ma lectrice, je n’ai
que
mon
expérience personnelle, celle de mon corps de femme et là, malgré tout, déjà, j’ai
quelques
longueurs
d’avance. Ce corps qui me raconte et me dit à travers son anatomie et ses
sensations
comment
les choses se passent en moi.
C’est
pourquoi je ne peux pas laisser « passer » certaines affirmations énoncées dans
votre
article
sans réagir. Il s’agirait « d’un phénomène strictement physiologique et qu’on
ne peut ni
freiner
ni provoquer. »
Il
serait inutile écrivez-vous « de chercher le point F, les femmes fontaines
émettent ce
liquide
sans qu’une zone particulière soit stimulée. C’est l’expression physiologique
de
l’orgasme,
vaginal autant que clitoridien… » », affirme avec force mon interlocutrice.
Ai-je
vraiment écrit cela dans un moment d’égarement ou de lucidité aiguë ?
Un
peu plus loin dans sa lettre, ma lectrice s’écrie (en grosses lettres), toute
vibrante de son
expérience
: « FAUX, pour l’avoir vécu et le vivre encore, si on ne peut freiner cet émoi,
je
sais
qu’on peut le provoquer. Mieux encore, chaque femme ainsi stimulée devient à
coup sûr
fontaine.
Il suffit d’un homme averti, d’un « sourcier » ou d’un « fontainier » si vous
préférez.
En effet, la stimulation manuelle par le partenaire masculin d’un point bien
précis, à
l’endroit
de ces glandes sous-cervicales de la vessie dont vous parlez, (jamais je peux
en
témoigner,
je n’aurais utilisé des mots aussi barbares) provoque sous réserve d’une légère
participation
de la femme, une émission de liquide qui va crescendo avec la stimulation. Pour
le
succès
de l’affaire, il faut simplement que la dame, un tant soit peu avertie elle
aussi, de son
corps
et de ses sensations intimes « pousse », et là… c’est l’inondation.
Plus
qu’un fontaine coulante, c’est un geyser jaillissant. La sensation qui
accompagne ce
jaillissement
est quelque peu différente de celle de l’orgasme. C’est autre chose, même si
cela
s’y
apparente, c’est plutôt une sensation chaude d’abandon, de libération très
agréable.
L’écoulement
est dans mon cas dissocié de l’orgasme à proprement parler... »
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Je ne
saurais mieux le dire et il est préférable que ce soit une femme qui l’affirme
et nous le
rappelle
pour mieux être entendu par tous ceux qui vont me lire. Mon interlocutrice veut
aller
jusqu’au
bout de ses découvertes. « Là, il n’est alors plus question de variation de
flux,
puisque
c’est sans fin. Oui, aussi longtemps que le sourcier sollicite la source, le
jaillissement
continue.
C’est comme cela que j’ai appris que j’étais une femme fontaine. Je suis même
plus
que
cela, une femme geyser. En cela ni privilégiée ni handicapée par rapport aux
autres
femmes,
car tout simplement, nous sommes toutes fontaines, mais nous ne le savons pas.
»
C’est
aussi ma conviction la plus profonde, toutes les femmes sont des femmes
fontaines,
des
femmes jaillissantes, généreuses, abondantes dans leurs émois acceptés,
partagés. Nous ne
saurions
trop le redire, nous, c’est-à-dire les femmes qui l’ont découvert, les
hommes qui l’ont
vécu
avec ces mêmes femmes.
Et ma
lectrice de conclure :
«
Bien sûr, il faut trouver un fontainier, un homme qui sait, qui connaît bien le
corps de la
femme,
encore mieux qu’elle-même ! La seule contrainte, prévenir le voisin du dessous
contre
le
dégât des eaux qui pourrait survenir si le petit jeu se prolonge. Mais gare
aussi au dégât du
plafond
en cas de geyser ! »
La
fin ne manque pas d’humour tendre, et c’est bien ainsi pour un sujet, qui trop
souvent
prête
à sourire narquois, et même à des jugements de valeur, qui sont blessants pour
l’un ou
l’autre
des partenaires, qui osent parler de cette merveille mal connue que sont les
femmes
fontaines.
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Les petits problèmes
par
Jacques Salomé
Quand
un homme téléphone à un sexologue ou à un thérapeute, ce n’est jamais pour un
gros
problème, c’est toujours pour un petit. « Je vous appelle, c'est une amie qui m’a
donné
votre
nom, pour un petit problème que j’ai depuis quelques temps, j’aimerais vous en
parler
directement
si c’était possible ».
Si le
thérapeute demande des précisions ou d’en dire un peu plus, l’interlocuteur
élude, se
dérobe
« Ce n’est pas grave, mais je préfère en parler directement avec vous, vous
comprendrez
mieux… »
Le
petit problème en question, neuf fois sur dix concerne la vie sexuelle et en
priorité le
fonctionnement
de cet outil précieux, qui reste au centre de beaucoup de préoccupations chez
les
hommes.
« Je ne comprends pas avec ma femme je n’avais aucun problème, cela marchait à
tous
les coups, mais avec l'amie que j’ai rencontrée après mon divorce, ça coince.
Je n’arrive
pas à
avoir des érections. Pourtant elle est gentille et patiente, mais je n’arrive
pas à bander
normalement.
C'est pas normal j’ai envie de faire l’amour avec elle, surtout quand je ne
suis
pas
avec elle, j’y pense sans arrêt, mais sitôt en situation, il n'y a plus rien,
je suis mort… »
Petits
problèmes autour de l’érection, de l’éjaculation, de la répétition, un tel dira
« Je ne
me
reconnais plus j’étais une véritable mitrailleuse, plusieurs fois chaque nuit,
et maintenant
c’est
comme si j’avais un fusil à un coup, je me sens minable ! »
Parfois
surgissent des interrogations qui n’avaient pas eu de place jusqu’à ce jour. «
Ma
nouvelle
compagne veut que je lui embrasse le sexe, moi je n’ai jamais fait ça. Je n’aime
pas, ça
me
dégoûte. Je sens que je lui fais de la peine. Elle, elle n’a aucune difficulté
avec mon sexe,
elle
me boit sans difficulté. Je ne sais plus où j’en suis… »
Il
semble qu’il y ait chez les femmes d’aujourd’hui, non seulement une plus grande
liberté,
mais
aussi une inventivité, une créativité qui bousculent des habitudes, le
train-train sexuel de
certains
hommes, et les confrontent à des résistances inattendues.
« Ma
nouvelle amie, quand elle fait l'amour avec moi, a besoin de se caresser, de se
masturber
quoi, moi ça ne me plait pas, c'est comme si je ne lui suffisait pas. Alors je
préfère
ne
rien faire…"
Ne
rien faire, bouder, rester passif ou encore fuir ?
Les
petits problèmes touchent non seulement à quelques-uns des mystères de leur
propre
sexe,
mais aussi à ceux encore plus mystérieux et secrets de la femme. Ainsi avec la
demande
d'aide
(minimiser au minimum: petits problèmes !) se clarifient ,non pas uniquement
des
connaissances
confuses, mais se restaurent quelques situations conflictuelles de l’histoire
de
chacun.
« La première fois où j’ai senti cette femme couler, j’ai crû qu’elle était
incontinente et
vous
me dites que c’est normal, que c’est un cadeau, une marque d’abandon et de
confiance
envers
moi ! »
Ainsi,
les petits problèmes, quand ils sont mis à plats, quand ils peuvent faire l’objet
d’une
médiation,
d’un accompagnement respectueux, peuvent ouvrir à une meilleure compréhension
et à
plus d’intimité partagée entre hommes et femmes.
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Sentiments et attachement
par
Jacques Salomé
J’entends souvent des femmes,amoureuses d'un
homme marié (ou d’un homme déjà
engagé
dans une autre relation plus ancienne), se demander (surtout si elles se
sentent aimées de
cet
homme) : « Mais pourquoi, puisqu’il me dit qu’il m’aime, pourquoi ne quitte-t-il
par
l’autre
? Pourquoi ne met-il pas fin à cette relation, alors qu'il m'assure qu'il ne se
passe plus
rien
entre lui et elle ? Pourquoi ne prend-il pas la décision de venir vivre à plein
temps avec moi,
de s’engager
et ainsi de se définir plus clairement, définitivement avec moi ? ».
Je
connais bien sûr des hommes engagés dans une relation tierce, aimants et se
sentant
aimés
par une femme mariée qui pensent et voudraient eux aussi exprimer quelque chose
de
semblable,
mais ils sont plus rares.
Peut-être
faut-il se rappeler deux données essentielles qui semblent être oubliées par
les
deux
protagonistes d'une relation tierce. Ce ne sont pas les mêmes enjeux affectifs
qui
caractérisent
une relation principale et une relation tierce (j’appelle relation tierce une
relation de
rencontre,
vécue en parallèle avec une relation principale inscrite dans la durée).
Une
relation principale, même quand subsistent des sentiments forts, est surtout
nourrie
prioritairement
par de l'attachement et un vécu commun, une relation tierce s’alimente
essentiellement
avec des sentiments, du plaisir et de l'espérance.
Un
tout nouveau sentiment d’amour n’a pas de passé. Il surgit à un moment de l’histoire
d’un
être et se survit à lui-même en étant alimenté par le présent, vivifié par ce
qui se passe dans
l'instant
de la rencontre et quelques fois par des projections sur l’avenir immédiat.
Un
attachement a un double passé : celui lié à la personne (dans le cas d’un homme
marié, à
sa
femme), et celui lié à sa propre histoire autour des personnages significatifs
de son enfance.
Ainsi,
la plupart des femmes et des hommes qui vivent des relations tierces semblent
ignorer
que
sentiment et attachement ne pèsent pas le même poids, sur le plateau des
décisions à
prendre.
Pour
la plupart des hommes mariés, le conflit entre sentiments (vers la personne
tierce) et
attachement
(vers la personne principale) apparaît comme insoluble, aussi refusent-ils le
plus
souvent
de s'y confronter. Et ainsi vont-ils rester, parfois durant des années, à l’intérieur
de ce
conflit.
D'un côté, ils sont capables d'assurer à la relation tierce avec sincérité « Je
t’aime »,
« J’ai
envie de vivre avec toi », « Tu es importante pour moi »,…) et de l'autre côté,
ils sont
susceptibles
de témoigner, avec autant de sincérité silencieuse à la relation principale : «
Je ne
peux
pas te faire souffrir, je ne peux pas te faire ça : te quitter. Je suis attaché
à toi, pas
seulement
par de la culpabilité, mais par de multiples liens, ramifications, souvenirs,
expériences
de vie, épreuves, gratitudes et reconnaissances qui me lient si fortement que
je ne
peux
envisager de rompre sans souffrir, sans avoir le sentiment que c’est moi que je
trahis…».
Peut-être
aussi l’un ou l’autre de ces hommes mariés pourrait-il dire avec plus de
lucidité :
« Je
suis attaché à l’image que j’ai de moi-même ». « Je ne me vois pas quittant la
femme avec
qui j’ai
partagé vingt années de ma vie, la mère de mes enfants, celle qui m’a soutenue
dans
mes
études ou mes expériences professionnelles, celle que j’ai fait avorter tout au
début de notre
relation,
avec qui j’ai perdu un bébé, qui m’a soigné, que j’ai accompagné dans tellement
d’épreuves…
». Cet attachement à l’image de soi-même constitue souvent un lien invisible,
si
fort,
que l'homme va rester avec sa partenaire principale, sans pouvoir se résoudre à
la quitter,
tout
en voulant garder la relation tierce.
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Il faut
donc, que celle qui vit une relation tierce, entende qu’elle se trouvera
confronter à
tout
un champ de forces qui ne lui seront pas favorables. La plupart vont rester
dans la croyance
que
leur amour, le plaisir des rencontres, l’accord sexuel – souvent exceptionnel –
qu’elles ont
avec
un partenaire engagé ailleurs, sera suffisamment puissant pour modifier les
deux relations
en
compétition et transformer d'une part le relation tierce en relation principale
et la relation
principale
en éloignement ou rupture…
Cela
arrive parfois, mais quand cela se produit cela se fait, la plupart du temps,
dans la
première
année d’une relation. Ensuite, c’est beaucoup plus aléatoire et risqué… pour la
relation
tierce.
Le risque étant, pour la nouvelle venue de rester coincée dans une relation
tierce alors
que
son désir est d'ouvrir une relation principale, essentielle avec l’homme qu’elle
aime.
Peut-être
chacun des protagonistes de la relation tierce, pourrait-il tenter d'entendre
en lui,
la
dimension conflictuelle de ce qui le lie, de ce qui le retient, de ce qu'il
attend et espère et
partager
tout cela avec l'autre…
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Une rencontre n'est pas une relation
par
Jacques Salomé
Cette
femme m'écrit pour me dire combien il est difficile pour elle de ne pas fondre,
de ne
pas
craquer, de ne pas croire au miracle de l'amour dès qu'un homme lui manifeste
un peu
d'attention,
un zeste d'intérêt, un geste de tendresse…
« Ce
jour-là, j'attendais mon train, qui avait un retard de plus d'une heure, en
gare
d'Avignon.
Dans le hall où j'avais décidé de lire, il y avait beaucoup de monde, mais j'ai
remarqué
tout de suite un homme qui accompagnait sa grande fille qui devait prendre un
train
déjà
à quai… Un homme qui a capté mon attention, que j'ai regardé longtemps, car je
le
trouvais
beau et tendre dans sa relation avec sa fille, pendant qu’il lui disait au
revoir. Un
homme
qui a dû sentir mon regard, car au bout d'un moment il s'est avancé vers moi et
m'a
offert
un café.
J'ai
« osé » dire oui. J'étais ému, c'est moi qui le trouvais intéressant et c'était
lui qui
faisait
le premier pas. Quelques heures avant jamais je n'aurais pensé qu'une telle
rencontre fut
possible.
J'ai
découvert quelqu'un de charmant, cultivé et même passionnant. Plusieurs aspects
de
lui
m'ont intrigué et j'ai manifesté la possibilité de lui écrire. Depuis quelques
jours il me
répond
avec plein d'attentions, de douceur, d'ardeur, et d'humour, il s'exprime sur
différents
sujets
avec justesse et je me sens rejointe sur beaucoup de points.
Je
suis « en train » (forcément, vu mes attentes d'être aimée) de tomber amoureuse
et lui
est
plutôt « en train de me trouver très désirable » (je le sens dans ces derniers
écrits) Ce qui,
vous
l'avez maintes fois écrit, n'est pas la même chose ! « L'une se meurt d'amour
pour un
qui
se sent plus vivant de tous ses désirs ! »
Je
passe beaucoup de temps à penser à cet homme, à cette relation, beaucoup
d'énergie à
trier
mes sentiments, mes sensations, mes peurs aussi, à tenter de clarifier toutes
les émotions
qui
surgissent et en même temps je me défends, (pour l'instant) d'engager une
relation sexuelle
parce
que le désir trouble mes facultés de discernement, parce que je pressens
l'attachement (et
donc
la dépendance) que j'aurais à partir de cette intimité physique.
Le
soir dans le calme de mon appartement, j'essaie de répondre calmement à mes
propres
questions
: est-ce que j'ai quelque chose de plus à partager avec cet homme (capricorne,
comme
une
ma dernière relation) en dehors d'un sentiment de bien être et d'une attirance
physique ?
Depuis
quelques années, j'ai décidé de mettre la barre plus haut, de ne pas me
contenter de
rencontres
aléatoires et trop centrées sur la sexualité, qui me laissent chaque fois avec
un
sentiment
amer, celui d'être « consommée » et de me consumer par la suite dans l'attente
d'autre
chose !
J'ai
envie d'une rencontre sacrée, d'un partage au-delà du désir physique, d'un
ancrage
possible
dans la durée d'une relation vivante, bonne pour chacun… Avec cet homme j'ai
envie
de me
lancer et je doute, je ne suis sûre de rien… »
J'imagine,
que cette femme a traversé un certain nombre d'expériences, que sa lucidité est
fondée
sur un vécu intime et je trouve ses aspirations légitimes. Le malentendu
possible me
semble
être ailleurs. Pour moi, il n'y a pas encore eu de relation, seulement une
rencontre et des
partages
hors réalité au travers d'écrits, de plus en plus enflammés.
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Construire
une relation suppose des échanges, des confrontations et parfois même des
affrontements
pour vérifier la solidité et la viabilité du lien naissant. Je rappelle souvent
que
nous
sommes toujours trois dans une relation : l'autre, soi et le lien qui nous
relie. Ce qui passe
dans
ce lien peut alimenter, vivifier, dynamiser mais aussi meurtrir, blesser ou
désespérer l'un
ou
l'autre. En particulier devant le fossé qui peut s'ouvrir, face au décalage
entre les attentes (de
l'un)
et les réponses (de l'autre), fossé qui devient souvent de plus en plus large
et parfois
infranchissable.
Il arrive alors que les attentes ou les réponses d'un des partenaires
réveillent
des
zones d'intolérance ou de vulnérabilité, restimulent des blessures anciennes
chez l'autre,
débouchent
sur la prise de conscience d’un non partage sur l’essentiel des valeurs ou des
croyances
et, risquer d’entretenir de frustrations qui vont se répéter dans la durée.
Je ne
sais quand ma correspondante prendra la liberté de témoigner face à son nouvel
ami,
de
ses attentes, de ses apports possibles et de ses zones d'intolérance pour une
relation à vivre
au-delà
d'une attirance et d'un désir.
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Car nul ne sait à l’avance la durée de vie d’un amour.
par
Jacques Salomé
Il n’y
a pas, me semble-t-il, de règles, de lois, qui puissent régir, contrôler, ou
guider
l’amour.
S’il
y en a…, je ne les ai pas encore découvertes. Cependant beaucoup s’acharnent
autour
de
moi à les découvrir, certains, même, voudraient se les approprier pour tenter d’être
plus
heureux,
pour pouvoir moins souffrir, se faire mieux aimer ou apprendre à mieux aimer…
Le
coeur
ayant des raisons et des mouvements, que la raison et la liberté ignorent… Nous
sommes
les
uns et les autres confrontés, à ce qui peut ressembler pour certains à l’irruption
d’un
cataclysme
qui bousculera toutes leurs habitudes, pour les autres à un tremblement de
terre qui
transformera
la totalité de leurs paysages intimes et pour bien d’autres encore cela
ressemblera à
un
raz-de-marée émotionnel qui emportera toutes leurs certitudes et transformera
des croyances,
vécues
jusque là comme inébranlables en trahisons injustes.
L’amour
est un ensemble de sentiments totalement irrationnels, et donc, incontrôlables,
qui
vont
surgir en nous sans prévenir, sans précautions particulières, sans préparations…
Ce
qui, par contre, peut être plus conscientisé, plus apprivoisé et donc faire l’objet
d’un
ajustement,
ce sont les conduites relationnelles, les comportements et l’incroyable
décalage, qui
va
naître à l’intérieur d’une relation amoureuse, créant un fossé, une faille
immense entre les
attentes
de l’un et les réponses de l’autre.
Ce
qui menace le plus l’amour, n’est pas l’amour, ce sont deux phénomènes
universels.
L’un,
imprévisible, que j’appelle le désamour, c’est-à-dire la mort de l’amour, et l’autre,
c’est
la
mauvaise qualité de la relation proposée par celui ou celle qui aime, par celui
ou celle qui est
aimée.
Pour
le premier phénomène, je sais que je vais irriter, car je vais toucher là, à un
ensemble
de
croyances fortes, auxquelles beaucoup s’accrochent, comme celles-ci “que l’amour
est
éternel”,
ou encore “quand on aime vraiment c’est pour la vie, c’est pour toujours”, “que
cet
amour-là,
c’est le bon et qu’il est immortel !”
Nous
avons du mal à accepter, de n’avoir aucun pouvoir sur l’amour, sur nos
sentiments,
et
surtout, sur ceux de l’autre. Nous aimons, nous sommes habités de sentiments
forts,
émerveillés
par des désirs, remplis de perceptions bonnes, et un jour, c’est le réveil, une
sorte
de
vide, de manque… Notre amour a disparu, il n’est plus présent. Nous prenons
conscience,
que
cet amour-là, ne nous habite plus, ne nous dynamise plus, qu’il est mort de sa
belle mort.
Car,
nul ne sait à l’avance la durée de vie d’un amour.
Pour
le deuxième phénomène, si nous avons échappé au premier, il est plus
directement
accessible,
et peut être un peu plus compréhensible.
Ce
qui blessera le plus l’amour, au-delà de la trahison, c’est le non-respect de
quelques
règles
d’hygiène relationnelle qui sont la sève avec laquelle un amour se vivifie, s’amplifie
et se
construit.
Nous
découvrons ainsi, que l’amour, tel un navire, est confié trop souvent à des
mains
inexpérimentées,
maladroites et quelquefois même trop brutales… Quelque fois aussi, qu’ il y a
trop
de capitaines pour conduire le navire, pour affronter les risques des tempêtes
inévitables
qui
le maltraiteront, de mains fermes et tendres pour le guider harmonieusement
dans le beau
temps
ou l’accalmie, de présence dense pour l’embellira avec des partages dynamiques,
des
aveuglements
sincères qui le feront dans l’incertitude ou le conduiront à sa perte.
Ainsi,
l’amour garde-t-il, cette part de mystère qui nous attire tellement, nous
émerveille et
nous
comble, ou parfois nous égare et nous perd. C'est par l'amour, que j'ai
découvert ce que
j'appelle
mon humanitude, cette vulnérabilité douce et bienveillante, ces émotions
à fleurs de
coeur,
qui parfois m'emportait vers cette part de moi, qui m'agrandissait jusqu'à
l'infini.
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De l’intimité personnelle à l’intimité partagée
par
Jacques Salomé
Beaucoup
pensent que l’intimité doit rester réservée, protégée et enfouie dans un jardin
secret
inaccessible aux autres et parfois même aux proches.
Cela
est certainement vrai pour l’essentiel de l’intimité, pour cette partie de
nous, qui
n’appartient
qu’à nous, qui nous confronte à nos zones secrètes d’ombres et de lumière, à
des
pensées,
des fantasmes, des idées ou des projets qui traversent notre vie comme autant
de
météorites
parcourent un ciel d’été.
Mais
il est bien une intimité, qui doit être partagée dans l’abandon et la
confiance, c’est
l’intimité
sexuelle. Si nous acceptons d’entendre et de reconnaître que la rencontre
sexuelle est
le
creuset où vont se mêler tous les langages de la communication avec soi même et
avec l’autre.
L’autre
ce « si proche », à qui nous allons faire suffisamment de confiance pour aller
vers lui,
le
laisser s’approcher au plus près de nos émotions, de nos sentiments, de notre
ressenti et
surtout,
surtout du pays infini de notre corps. L’intimité sexuelle ne se résume pas au
fait de
faire
l’amour, mais elle contient tous les possibles de la communication, au sens
fort du terme
«
mettre en commun ».
Mettre
en commun une écoute du corps, du nôtre et de celui de l’autre, une attention
sensible
à ses attentes, à ses émois, à ses peurs aussi. Car toute rencontre sexuelle s’inscrit
dans
une histoire, celle de la découverte de notre sensualité aux premiers temps de
notre vie, de
la
découverte du plaisir, de la confiance et de l’abandon et celle aussi de nos
premiers émois
sexuels
avec la découverte de la différence des sexes, de nos premières tentatives pour
accéder
au plaisir,
de nos premières tentatives d’approche du corps de l’autre. La rencontre
sexuelle,
même
quand elle est protégée, en quelque sorte, par le mariage ou une vie de couple
dans la
durée,
est toujours l’équivalent d’un miracle. Je veux dire par là, qu’il y a tant d’obstacles,
de
freins
possibles, de malentendus pour freiner, empêcher, maltraiter le bon et le
joyeux,
l’abandon
et la confiance qui sont les fondements de l’abandon et de la confiance pour
accéder
au
plaisir.
Il ne
suffit pas d’aimer, il ne suffit pas d’avoir du désir, aussi intense soit-t-il,
pour faire
l’amour.
D’ailleurs, je n’aime pas ce mot faire, je crois qu’on devrait dire : «vivre l’amour
». Je
crois,
qu’il faut une qualité de la relation, qui permette une liberté d’être, qui
donne envie
d’offrir
le meilleur de soi vers le meilleur de l’autre.
Vivre
l’amour, faire l’amour est une belle aventure, qui mobilise chez chacun outre
les
possibles
de son corps, tous les possibles de son imaginaire, toutes les ressources de
son
présent.
C’est en faisant l’amour, qu’on accède, peut-être, au divin qui est en chacun
de nous.
À
cette part d’intimité inouïe que nous avons envie d’offrir sans réserve à celui
ou à celle que
nous
sentons suffisamment proche pour l’accueillir dans le plein de nous-mêmes, au
plus
proche
de notre peau, au plus secret de notre intimité.
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La part sombre de l’amour
par
Jacques Salomé.
L’amour
en ces débuts scintille d’une lumière éblouissante et quand il se découvre en
réciprocité
il transfigure, il magnifie ceux qui l’éprouvent et le partagent.
Mais
partout où il y a de la lumière, il y a de l’ombre et l’amour n’échappe pas à
cette règle,
non
qu’il soit porteur de zones obscures en lui-même mais tout se passe comme si sa
propre
vitalité
allait révéler, mettre à jour des aspects de notre personnalité qui jusqu’alors
se trouvaient
en
jachères ou restaient endormies.
Ainsi
la jalousie, le désir de possessivité, le besoin de contrôle, et même l’envie
d’appropriation
qui vont se réveiller chez l’un des partenaires et commencer à polluer, à
tarauder
la relation au point de risquer de la blesser à jamais et de mettre à distance
ou de faire
fuir
celui ou celle que pourtant on désire proche, tout proche.
« Au
début, quand il me demandait qui j’avais rencontré, ce que j’avais fait dans la
journée,
j’éprouvais du plaisir à partager avec lui mon vécu, je voyais cela comme une
marque
d’intérêt
et donc d’amour à mon égard. Et puis rapidement, je me suis rendu compte que
son
visage
se fermait, qu’il se crispait, qu’il me demandait des précisions qui me
paraissaient
inutiles
et infantilisantes. J’ai senti que je ne pouvais rien lui dire me concernant
sans qu’il
veuille
en avoir plus et me faire me sentir en faute. Comme si je n’aurais pas dû
accepter telle ou
telle
invitation, avoir tel ou tel échange, fait telle ou telle rencontre… La
suspicion, puis l’enfer
s’installèrent
dans notre amour et commencèrent à dévitaliser notre relation. Même si je ne
disais
pas, c’était que j’avais quelque chose à cacher, donc que je ne lui faisais pas
confiance…
»
Parfois
ce seront des traits de caractère, des conduites totalement imprévisibles qui
vont
émerger
et s’imposer dans la relation, au point de la maltraiter, et de l’enfermer dans
une
succession
de conflits et de malentendus qui vont meurtrir et désespérer chacun des
protagonistes.
«
Quelques semaines après nos premières relations sexuelles, après un temps
d’apprivoisement,
mon ami devint incroyablement grossier. Il ne pouvait s’empêcher de
m’insulter,
de crier des mots orduriers, de s’exciter tout seul, de me demander de me
soumettre
à des
pratiques que j’aurais bien acceptées si dans la façon qu’il avait de les
exiger cela ne
m’avait
donné l’impression qu’il salissait nos rapports sexuels. Petit à petit, je
sentais mon
amour
s’engloutir dans le désespoir ».
D’autre
fois, il s’agit chez l’un des partenaires de la remontée d’une inquiétude, d’une
angoisse
qui va se polariser sur un point de fixation tel que l’argent.
« Mon
mari ne peut s’empêcher de me demander des comptes pour les achats que je fais.
Il
vérifie
les factures, les notes et je sens toujours une espèce de suspicion, non
seulement à
l’égard
des commerçants qui auraient pu tenter de me tromper, mais aussi à mon égard,
sur le
bien
fondé, la nécessité d’avoir fait tel ou tel achat. J’étais comme une enfant qui
devait rendre
la
monnaie en expliquant les détails du prix ! »
« Je
le croyais généreux et ses amis auraient pu confirmer cela, car il donnait
beaucoup,
mais
avec moi, dès la naissance de notre enfant, il commença à se montrer pingre et
même
avare.
Le choix de ses cadeaux pour mon anniversaire obéissait à toute une stratégie
très
complexe
et certainement conflictuelle pour lui. J’ai retrouvé un jour différents devis
de
bijoutier
annotés de façon violente en face de certains prix. Le choix d’un menu au
restaurant, la
catégorie
des hôtels en vacances, ne correspondaient nullement à nos revenus et ce qui
aurait pu
être
notre train de vie. Il trouvait le moyen de retarder jusqu’au dernier moment
pour ne choisir
que
des hôtels minables, qui n’avaient même pas une étoile. Il essayait d’obtenir
des rabais sur
tout.
Je ne savais où me mettre ! »
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Il
arrive aussi parfois, et c’est un des paradoxes de l’amour, qu’il serve de
révélateur à des
traits
de caractères marqués à la limite d’une pathologie en sommeil. Elle va
progressivement se
réveiller
et contaminer tout l’espace d’une relation. La proximité physique (et parfois
l’envahissement),
la cohabitation et l’occupation déséquilibrée (par l’un) d’un même territoire,
une
trop grande collusion entre intimité commune et partagée, et intimité
personnelle et
réservée,
le besoin de se sentir accepter inconditionnellement, peut faire remonter à la
surface
des
composantes qui vont se majorer (au cours des années) en présence de l’aimé ou
de
l’aimée.
« Au
bout de quelques années, il m’a fallu me rendre à l’évidence : je vivais avec
un
pervers.
Avec une intelligence retorse et une habileté jamais prise en défaut, il
retournait toutes
les
situations contre moi. Il me laissait croire que j’étais une incapable, le
cauchemar de sa vie.
Il
tirait un plaisir manifeste à me voir souffrir, me plongeait au fond du
désespoir puis faisait
semblant
de m’excuser ce qui me plongeait encore plus dans la détresse… »
« C’est
lui, qui avait pourtant désiré cet enfant, mais sitôt qu’il est né, mon
compagnon
commença
à régresser. Il se comportait comme un petit enfant. Il devenait jaloux de l’attention,
des
soins que je donnais à notre fils. Il me proposa même de le donner en adoption
! Je me suis
retrouvé
avec deux bébés sur le bras et le plus petit des deux, n’était pas celui qu’on
pensait ! »
Il y
aussi tous les auto-saboteurs que nous sommes capables de produire pour
maltraiter
une
relation à laquelle nous tenons, pour déclencher ce que nous redoutons.
«
Chaque fois, je ne pouvais m’empêcher de mettre en évidence tout ce qui ne s’était
pas
passé
entre nous, au lieu de reconnaître et de valoriser tout ce qui s’était passé !
»
« Je
lui faisais reproches de ce que pourtant je lui avais demandé, l’accusant de m’avoir
séduite,
alors que je savais parfaitement que c’était moi qui m’était arrangée, pour me
faire
inviter
ce jour-là, en sachant qu’il serait là ! »
Nous
pouvons penser que l’amour nous confirme, nous consolide, qu’il nous fait
grandir
de l’intérieur,
et c’est souvent le cas. Mais, il peut aussi, nous vulnérabiliser, nous
entraîner à
produire
des conduites inadaptées, régressives ou outrancières et ainsi révéler des
aspects de
nous
totalement anachroniques, déstructurant ou violents.
Le
piège, c’est que celui qui aime garde l’espoir, que son amour sera suffisant
pour faire
changer
l’autre, que toutes ces manifestations ne sont que provisoires, qu’elles vont s’arrêter
et
que l’aimé
redeviendra tel qu’on l’a connu ou cru le connaître dans les débuts de l’amour.
Quand
la part d’ombre de l’amour l’emporte sur sa lumière, il convient parfois de :
soit de
renoncer,
soit de trouver la bonne distance, pour ne pas se laisser engloutir dans la
grisaille ou
les
ténèbres.
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Que veut dire l'amour pour un enfant ?
par
Jacques Salomé
Au
Québec des professionnels en relations humaines ont posé la question suivante à
des
enfants
de 4 à 8 ans. "Que veut dire l'amour ?"
Les
réponses sont stupéfiantes, drôles, profondes, elles sonnent souvent justes et
nous
pouvons,
nous les adultes les entendre comme parlantes, interpellantes face à nos
certitudes ou
à nos
propres oublis.
«
L'amour est la première chose qui arrive avant que la méchanceté arrive. »
Charles,
5 ans
«
Quand ma grand-mère avait de l'arthrite et qu'elle ne pouvait plus mettre du
vernis sur
ses
ongles d'orteil, mon grand père le faisait pour elle, même après quand il avait
lui aussi de
l'arthrite
dans les mains, c'est ça l'amour. »
Rebecca,
8 ans
«
Quand j'ai perdu ma mamie, j'ai été triste, j'avais envie de lui parler sans
arrêt, j'ai
compris
que je ne lui avais pas assez dit que je l'aimais. L'amour c'est quand on n'a
pas peur
d'aimer
trop. »
Jacques,
8 ans
« Quand
quelqu'un nous aime, la manière de dire notre nom est différente, plus douce.
On
sait
que notre nom est en sécurité dans leur bouche. »
Alain,
4 ans
«
L'amour c'est quand la fille se met du parfum et le garçon se met de la lotion
à barbe et
qu'ils
sortent ensemble pour mieux se sentir. »
Martin,
5 ans
«
L'amour, c'est quand vous sortez manger, que vous donnez à quelqu'un beaucoup
de
vos
frites sans demander, que l'autre vous donne les siennes. »
Jean,
6 ans
«
L'amour, c'est quand quelqu'un vous fait du mal, et que vous êtes très fâchée,
mais
vous
ne criez pas pour ne pas le faire pleurer. »
Suzanne,
5 ans
«
L'amour c'est ce qui nous fait sourire, même quand on est très fatigué ».
Tim,
4 ans
«
L'amour c'est quand maman fait du café pour papa et qu'elle le goûte avant de
le donner
à
papa, pour s'assurer que ça goûte bon. »
Dan,
7 ans
«
L'amour c'est ce qui est à la maison à Noël quand on arrête d'ouvrir les
cadeaux et qu'on
écoute
tous ensemble le bonheur. »
Bob,
5ans
« Si
vous voulez essayer d'aimer, il faut commencer par un ami que vous détestez. »
Mika,
6 ans
«
L'amour, c'est quand un vieil homme et une vieille femme sont encore amis, même
quand
ils se connaissent bien. »
Tom,
6 ans
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«
L'amour, c'est quand mon chien me lèche le visage, même quand je l'ai laissé
seul toute
la
journée. »
Marie-Anne,
4ans
« On
ne doit pas dire je t'aime si ce n'est pas vrai. Mais si c'est vrai, on doit le
dire
beaucoup,
parce que les gens oublient. »
Jessica,
8 ans
Et
une dernière pour tenir la route dans les méandres de l'amour :
« Moi
j'ai bien vu que je ne savais pas aimer, quand j'ai été jaloux qu'un garçon
parle à
Marion
et que je lui en voulais, parce qu'elle l'écoutait gentiment. »
Pierre,
7 ans
Bien
sûr, comme adulte, chacun d’entre nous a une, ou beaucoup d’idées, sur ce que
devrait
être l’amour, sur ce qu’il n’est pas. Pour la plupart, nous avons eu l’occasion
de
confronter
nos croyances en la matière avec la réalité de nos relations amoureuses,
découvrir les
émerveillements
(provisoires ou durables) les déceptions et les ajustements, les remises en
cause
que cela suppose.
Et
pour certains, envers et contre tout, maintenir vivantes certaines croyances en
la toute
puissance
de l’amour, pour garder l’espoir. Maintenir une espérance vivante pour pouvoir
nous
projeter
dans l’avenir même si le présent nous renvoie à la difficulté d’aimer et d’être
aimé.
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Méthode E.S